Fervent adepte de la Méthode* (à l’instar de Marlon Brando ou Robert de Niro), Daniel Day-Lewis est connu pour se glisser, au delà du raisonnable, dans la peau de ses personnages. Pour exemple, il se fit tatouer pour le film La chasse aux sorcières de Nicholas Hytner (1996) ne trouvant pas assez réaliste de se faire poser des transferts. Retour sur les rôles les plus marquants de Daniel Day-Lewis à l’occasion de la sortie de Phantom Thread qui pourrait être son dernier film.
*Principes d’interprétation issus de l’Actors Studio, eux-mêmes basés sur la « Méthode Stanislavski ».
My Left Foot de Jim Sheridan (1989)
Ça raconte quoi ? L’histoire vraie de Christy Brown, atteint de paralysie spasmodique qui à l’âge de 9 ans se met à peindre après avoir repris le contrôle de son pied gauche.
La méthode ? Daniel Day-Lewis ne quitte pas une seule fois son fauteuil de tout le tournage jusqu’à se faire nourrir par les assistantes. Il finit même par se casser deux côtes, ce qui ne le fait pas bouger pour autant.
Résultat ? Il remporte l’Oscar et le BAFTA.
Le dernier des Mohicans de Michael Mann (1992)
Ça raconte quoi ? 1757. Les Français et les Anglais se disputent les territoires indiens de l’Etat de New York. Alors que deux sœurs se font escortées par un jeune officier anglais, elles sont sauvées d’une embuscade par Nathanael alias Œil-de-Faucon, un homme d’origine européenne élevé par le Mohican Chiganchgook et son fils Uncas.
La méthode ? Comme à son habitude, Daniel Day-Lewis reste dans la peau de son personnage en dehors des prises. En amont du tournage, il disparaît pendant plusieurs semaines dans la forêt où il construit un canoë, apprend à tirer au fusil, fabrique des pièges et dépèce le gibier qu’il a lui-même chassé. Tout un programme !
Résultat ? Il est nommé aux BAFTAS.
Au nom du père de Jim Sheridan (1993)
Ça raconte quoi ? En 1975, un jeune délinquant irlandais, Gerry Conlon, est injustement accusé par la police londonienne d’être l’instigateur d’attentats terroristes pour le compte de l’IRA.
La méthode ? Daniel Day-Lewis conserve l’accent nord-irlandais hors prises durant tout le tournage. Pour se préparer au rôle de Gerry Conlon, l’acteur perd plus de 13 kilos. Il passe également plusieurs nuits dans une cellule de prison pendant que des membres de l’équipe lui jettent de l’eau et l’insultent.
Résultat ? Il est nommé aux Oscars et aux Golden Globes Awards.
The Boxer de Jim Sheridan (1998)
Ça raconte quoi ? Un boxeur irlandais qui vient de purger quatorze ans de prison pour un attentat qu’il n’a pas commis est sollicité par ses anciens amis de l’IRA à sa sortie de prison.
La méthode ? L’acteur s’est entrainé pendant un an et demi avec Barry McGuigan, ex-champion du monde des poids plumes. Ce dernier a affirmé qu’il avait atteint le niveau professionnel.
Résultat ? Il est nommé aux Golden Globes Awards.
Gangs of New York de Martin Scorsese (2003)
Ça raconte quoi ? Au XIXème siècle, dans un quartier pauvre de New York, Bill le Boucher, leader des « Natives Americans » assassine le Père Vallon qui guide les Dead Rabbits, groupe d’émigrants irlandais. Seize ans plus tard, Amsterdam Vallon (Leonardo Dicaprio) a bien l’intention de venger son père.
La méthode ? En plus de conserver en permanence l’accent new-yorkais du XIXème siècle et de s’entraîner au combat pendant de long mois, Daniel Day-Lewis prend des cours de boucherie et apprend le maniement des couteaux tout en écoutant du Eminem. Toujours à fond, l’acteur attrape même une pneumonie après avoir refusé de porter des polaires entre les prises prétextant qu’elles n’existaient pas à l’époque. A noter que Bill le Boucher, qui a réellement existé, était un opposant à Lincoln que Daniel Day-Lewis incarne dans le film de Spielberg.
Résultat ? Scorsese a bien fait d’aller chercher l’acteur au fin fond de l’Italie pour le sortir de sa semi-retraite (il y exerçait la profession de cordonnier). Ce dernier est nommé aux Oscars et aux Golden Globes Awards et remporte le BAFTA, le Critics Choice Award, et le Screen Actors Guild Award.
There Will Be Blood de Paul Thomas Anderson (2008)
Ça raconte quoi ? A la recherche de pétrole, Daniel Plainview se rend dans une petite ville de Californie où il achète les terres de la famille Sunday. Mais pendant que l’or noir coule à flots, les tensions s’accroissent entre Plainview et Eli Sunday, qui n’a pas reçu d’argent de la part du prospecteur.
La méthode ? L’acteur commence par travailler sa voix avec l’aide de vieux enregistrements datant du début du XIXème siècle. Plus tard, il lit des lettres de d’ouvriers et effectue des recherches sur Edward Doheny, un magnat du pétrole dont s’inspire le livre Pétrole d’Upton Sinclair. Livre sur lequel est basé le film.
Résultat ? Il ne laisse aucune chance à ses concurrents et remporte tous les prix dont l’Oscar, le BAFTA, le Golden Globe Award, le Critics Choice Award, et le Screen Actors Guild Award.
Lincoln de Steven Spielberg (2013)
Ça raconte quoi ? Les quatre derniers mois de la vie du président Abraham Lincoln et sa lutte pour faire voter l’abolition de l’esclavage.
La méthode ? Daniel Day-Lewis se travaille une nouvelle voix pour encore une fois ne pas la quitter en dehors des prises. Il se fait appeler Monsieur le Président durant tout le tournage et signe ses textos « Abe ». Gullivan McGrath (Dark Shadows) qui incarne son plus jeune fils raconte que l’acteur le considérait comme son propre enfant hors plateau, le serrant dans ses bras ou lui ébouriffant les cheveux..
Résultat ? Il remporte le Golden Globe Award, le Critics Choice Award, Screen Actor Guild Award et l’Oscar.
Phantom Thread de Paul Thomas Anderson (2018)
Ça raconte quoi ? Dans le Londres des années 50, le couturier Reynolds Woodcock et sa soeur Cyril règnent sur le monde de la mode anglaise. Une domination bouleversée par l’arrivée de l’amour dans la vie du créateur en la personne de la jeune Alma.
La méthode ? Comme à son habitude, Daniel Day-Lewis s’est littéralement glissé dans la peau de son personnage. Pour incarner au mieux un couturier, l’acteur a multiplié les recherches et visites au Victoria and Albert Museum de Londres ainsi qu’au Metropolitan Museum de New York. Il est allé jusqu’à devenir le stagiaire de Marc Happel, directeur du département costumes du New York City Ballet. Jusqu’en boutiste, il finit même par créer une robe de toute pièce pour sa femme Rebecca Miller et reconstituer une création Balenciaga (dont le film s’inspirerait).
Résultat ? De nouvelles nominations aux Critics Choice Awards et aux Golden Globe Awards où le trophée lui est passé sous le nez au profit de Gary Oldman récompensé pour Les heures sombre. On attend encore les résultats des Bafta et des Oscars où les deux acteurs sont cités.
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