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Un an après le succès d’Happiness Therapy, David O. Russell est de retour avec American Bluff, inspiré de l’opération « Abscam Scandal »*. Un thriller « Sexe, Drogues et Rock’N’Roll » très séduisant mais trop alambiqué pour nous convaincre complètement.
Fin des années 70. Irving Rosenfeld et Sydney Prosser sont deux petits escrocs qui se retrouvent obligés de travailler avec l’agent du FBI Richie DiMaso afin de piéger des hommes politiques corrompus. Mais Rosalyn, l’épouse d’Irving pourrait bien compromettre l’opération.
Après 2h20 de défis capillaires, de chemises à jabots et de décolletés plongeants, on est épuisé par un scénario bavard trop compliqué et dont le dénouement final est scandaleusement balayé en quelques minutes. Un projet peut être trop ambitieux pour David O. Russell qui signe seulement ici son septième long-métrage. On trouve le temps parfois long et on s’ennuie presque un peu trop pour un film nommé dix fois aux Oscars. Dans le même style, on préfère mille fois Le Loup de Wall Street qui au bout de trois heures avec la même avalanche de mots continuait à nous captiver, la maîtrise et l’expérience de Martin Scorsese, dont Russell tente clairement de s’inspirer, faisant la différence.
Si David O. Russell ne contrôle pas suffisamment le rythme de son film, il en soigne définitivement la distribution en rameutant ses acteurs les plus fidèles. Pendant que Bradley Cooper conforte sa percée dans la cour des grands dans la peau d’un agent du FBI arrogant et ambitieux, Christian Bale s’émancipe une bonne fois pour toutes de Batman en jouant une nouvelle fois au yoyo avec son poids. Pour incarner le ringard mais charmant, affectueux, et vulnérable Irving, il a pris 18 kilos. Mais le film est largement dominé par ses actrices. Jennifer Lawrence joue à 22 ans avec une facilité déconcertante les mères au foyer (Russell a écrit le rôle de Rosalyn spécialement pour elle). Un personnage haut en couleur à l’instar de celui d’Happiness Therapy qui lui avait permis de remporter l’Oscar. Mais la véritable star du film est sans conteste Amy Adams. Femme moderne, indépendante, et intelligente, Sydney tient la dragée haute à ses complices masculins se considérant à chaque instant comme leur égal. Prête à tout pour changer de vie et Irving dont elle est folle amoureuse, elle n’hésite pas à user de ses charmes pour parvenir à ses fins. Pas assez reconnue par ses pairs, Amy Adams hérite d’un personnage profond et complexe à la hauteur de son talent. C’est simple, on ne voit qu’elle ou presque. À 39 ans, il était temps. En bref, malgré une intrigue verbeuse et confuse, American Bluff reste un polar divertissant sauvé par son casting cinq étoiles.
*Contraction d’Abdul et de Scam (arnaque en anglais), l’opération « Abscam Scandal » permit aux FBI de faire condamner quelques politiciens véreux dont un sénateur et six membres de la Chambre des représentants.
Titre original : American Hustle
Sortie : 5 février 2014
De : David O. Russell
Avec : Christian Bale, Bradley Cooper, Amy Adams, Jennifer Lawrence, Jeremy Renner, Robert De Niro, Louis C. K., Alessandro Nivola…
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